Fortement critiqué, le trotteur est montré du doigt par de nombreux médecins et spécialistes (notamment les pédiatres), qui lui reprochent à la fois de retarder l’apparition de la marche, mais aussi de favoriser de mauvaises positions, notamment dorsales, ainsi qu’un risque d’arquer les jambes du bébé. Une étude menée par le docteur Garrett concluait que le trotteur retardait l’acquisiton de certaines étapes du développement moteur, mais de trois semaines seulement, sans autre répercution motrice, sociale ou psychologique.
Les parents, quant à eux, voient un merveilleux moyen d’occuper bébé en le laissant vagabonder et en lui permettant de découvrir son espace alentour, ce qui encouragerait l’éveil et la découverte de l’enfant.
Alors, nous parents, forcément, nous sommes perdus. Quoi qu’il en soit, d’après les spécialistes et toujours d’après le docteur Garrett qui a mené son étude à Dublin sur 190 enfants, il semble surtout qu’il soit important que l’enfant passe par différentes étapes pour son évolution : il doit passer par le stade où il rampe, où il marche à quatre pattes, où il fait la marche du singe (fesses en l’air et jambes tendues) pour ensuite trouver tout seul les capacités physiques pour pouvoir se redresser. Il semble que le trotteur a quelquefois tendance à annihiler certains de ces passages. L’enfant prend moins conscience de la sensation de marche puisqu’il est soutenu par son siège. De même, réduire le temps où l’enfant rampe réduit aussi les connaissances sensorielles, comme les notions de temps, d’espace, les relations main/oeil… dont il a besoin pour l’apprentissage de la marche.
Partons ensuite du principe que le trotteur n’est pas un accessoire permettant l’apprentissage de la marche, mais qu’il est simplement un jouet dans lequel l’enfant ne doit pas être installé avant l’âge de huit mois et dans lequel il ne doit pas rester plus de 30 minutes par jour. Comme l’explique Serge VRANCKX, Cadre de Santé Masseur Kinésithérapeute, « Lorsque l’on fait une analyse biomécanique de la marche, on retrouve les muscles qui sont nécessaires pour la marche, ainsi que leur amplitude et angle d’action. Or, il me semble que lorsque l’enfant se déplace en trotteur, c’est-à-dire sans réél appui au niveau de la plante du pied, il n’y a pas de force qui remonte du sol, donc forcément toute la mécanique de la marche est faussée. Et les muscles n’ont pas la maturité pour fonctionner « normalement » (plus précisément : physiologiquement).
Donc, l’enfant dans le trotteur découvre la joie de pouvoir se déplacer, mais il mobilise d’autres muscles que ceux qu’il utilisera lorsqu’il aura acquis une marche physiologique. Pour faire plus simple, dans le trotteur, il pédale plus qu’il ne marche. »
Enfin, le trotteur n’est pas un parc, ni un lit, on ne place pas son enfant dedans sans surveillance. Il faut toujours rester vigilant lorsque l’enfant est dans son trotteur. Une fois qu’il sera à l’aise, il se déplacera très rapidement, aura accès à des choses jusque- là inconnues, pourra attraper des objets dangereux sur les meubles. Mais il faudra surtout rester très vigilants si vous avez chez vous une pente ou des marches d’escalier. En effet, une étude dans un service d’urgences pédiatriques a montré que sur 178 accidents de trotteurs, 78% étaient dûs à des chutes dans les escaliers, et ce parce que les parents ne surveillaient pas leur enfant! Sachez aussi que le trotteur a été interdit au Canada depuis 2004 ainsi que dans certains états des Etats-Unis pour sa dangerosité, puisqu’il est facteur de nombreuses causes d’accidents domestiques. Alors restez sur vos gardes, respectez un temps maximum de 30 mintues par jour, réglez correctement la hauteur du siège, faîtes attention à tout l’environnement de votre enfant.
Le trotteur doit rester un moment de plaisir pour votre enfant, et non un accessoire de prédilection.